En Inde, la tradition veut qu’on adore en tant que manifestation du divin, une personne qui rayonne d’une faculté d’amour et d’une sagesse particulières. La vénération s’adresse au divin dans cette personne, et non à son ego ou à son corps. Comme l’or qui a une apparence différente dans chaque bijou, mais qui ne se distingue pas du point de vue de sa substance.
Dans l’Inde moderne, le fait qu’Amma étreigne les foules reste considéré comme un acte révolutionnaire parce qu’elle passe outre le système des castes avec ses règles de pureté ainsi que les structures hiérarchiques, comme celles qui existent entre maître et disciple. Tous les jours, comme dans son enfance, Amma travaille pour l’égalité des droits des femmes et des membres de castes dites inférieures.
En effet, grâce aux dons et à l’aide d’un grand nombre de volontaires, Amma a fondé un des plus larges réseaux d’œuvres caritatives en Inde, qui a un statut d’ONG. L’ONG Mata Amritandamayi Math (opérant maintenant sous le nom d’Embracing The World) a pour but d’aider les gens en détresse, indépendamment de leur origine sociale, culturelle, religieuse. Depuis 2005 cette organisation jouit d’un statut consultatif auprès du conseil économique et social de l’ONU.
Aujourd’hui, dans son pays, Amma est considérée comme Mahatma (Grande Ame en sanskrit). La notion de Mahatma se rapporte à un être humain dont la conscience a atteint l’éveil. Cette personne a dépassé la peur, la souffrance, l’agitation née des pensées incessantes. Elle a développé la sérénité et l’équanimité. Cette réputation va désormais bien au-delà des frontières indiennes. Depuis 1986, Amma est invitée régulièrement à l’étranger et se rend ainsi chaque année en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Australie, en Malaisie, etc. Amma bénéficie également d’une large reconnaissance internationale au niveau institutionnel. Elle a prononcé des discours dans plusieurs conférences officielles, et notamment à l’ONU en 1995 et 2000. Pour son engagement humanitaire et ses efforts en faveur du dialogue interreligieux, Amma est honorée en 2002 par le prix Gandhi/King de la paix à Genève. En 2006, à New York, elle reçoit le quatrième prix interreligieux James Morton.
Dans les 30 dernières années, Amma a étreint et réconforté plus de 37 millions de personnes. À la question de savoir d’où elle tire la force de s’occuper de tant de gens et de construire en même temps une œuvre caritative si impressionnante, elle a l’habitude de dire : « Si tu éprouves vraiment de l’amour dans ce que tu fais, tu ne ressens pas la fatigue ».
LA VOIE DE L’AMOUR
«Dans le monde d’aujourd’hui, il existe deux sortes de pauvreté : la pauvreté engendrée par le manque de nourriture, de vêtements et d’abri, et la pauvreté engendrée par le manque d’amour et de compassion. Des deux, c’est de la seconde qu’il faut se préoccuper en premier, parce que si notre cœur est plein d’amour et de compassion, nous pourrons servir pleinement ceux qui souffrent par manque de nourriture, de vetements et d’abri. »
« Amma ne dit pas que vous devez croire en elle ou en un Dieu trônant dans les cieux. Il suffit que vous ayez foi en vous-même. Tout est en vous. »
Amma ne se réclame d’aucune religion et les considère avec un égal respect. La voie qu’elle prêche est «la voie de l’Amour», dit-elle. Son enseignement est destiné à permettre de mener une vie heureuse.
LA COMPASSION EN ACTION
Amma ne se contente pas de discours, il est saisissant de voir à quel point elle met ses paroles en pratique. Cette cohérence est sans doute un facteur essentiel qui explique les impressionnantes foules qu’elle attire partout dans le monde. Amma montre l’exemple, est un modèle et une source d’inspiration. Sa vie même est son enseignement.
La fille de Martin Luther King, Yolanda King, dit à propos d’Amma: «Elle exprime l’amour en action. Elle met en application ce qu’elle enseigne. Le Mahatma Gandhi nous pressait d’être le changement que nous désirons voir dans le monde. Amma est le changement qu’elle veut voir dans notre monde. Elle est un exemple vivant et profond pour nous tous.» Amma pointe ainsi le fait qu’il est important que les pratiquants de chaque religion s’attachent à l’essence de leur voie – amour, tolérance, simplicité – et surtout mettent ces valeurs en pratique. Les conflits soi disant religieux sont en fait issus de l’ego limité et aveugle des êtres humains et n’ont rien à voir avec le message essentiel de chaque religion, qui est le même.
Quel que soit le chemin, Amma recommande d’accorder une attention particulière au comportement individuel et aux éléments qui ont sur celui-ci une influence décisive. Elle insiste sur le fait de connaître et de suivre son «dharma», notre rôle juste dans la société, ce qui implique pour chacun de remplir avec discernement et diligence ses responsabilités personnelles et sociales.
Il s’agit également de développer des qualités telles que le détachement, le bon sens, le contentement, la patience, l’innocence, la compassion, la vigilance et la faculté de s’en remettre à Dieu. «Amma peut dire, d’après sa propre expérience, que si vous vous en remettez totalement à Dieu, Il s’assurera que vous ne manquez de rien.»
“Notre recherche spirituelle devrait commencer par le service désintéressé pour Dieu. Les gens seront déçus s’ils se mettent à méditer en pensant que leur troisième oeil va se développer une fois qu’ils auront fermé les deux autres. Cela ne se passera pas ainsi. Nous ne pouvons pas fermer nos yeux sur le monde au nom de la spiritualité et espérer évoluer. La véritable réalisation spirituelle, c’est de contempler l’unité tout en regardant le monde.” Pour ceux qui le lui demandent, Amma les guide sur le chemin qui mène de l’égoïsme à la générosité et au don, de l’étroitesse à l’ouverture, de la frustration à la plénitude. Amma a initié aussi bien des hommes que des femmes dans le “sannyas” (la vie monastique), qu’elle définit comme une vie au service des autres. En cela, Amma ressuscite les idéaux de la tradition védique ancienne.
«Nous ne pourrons jouer un rôle réellement constructif dans l’établissement de la paix qu’après avoir éliminé les conflits et les tendances négatives que nous portons en nous. C’est à l’intérieur de nous que la véritable transformation doit se produire. Le seul fait de mettre les armes nucléaires au musée ne suffira pas a établir la paix dans le monde. Ce sont les armes du mental qu’il faut d’abord éliminer. »
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